« C’est la crise de l’offre en pommes de terre »
Alain Dequeker, secrétaire général de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre, fait le point sur un marché de la pomme de terre de consommation avec une offre excédentaire mais aussi une moindre demande.
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« Pour 2025, la production de pommes de terre à destination des marchés du frais et de l’industrie alimentaire est estimée à 8,5 millions de tonnes, soit 900 000 tonnes de plus qu’en 2024, constate Alain Dequeker, secrétaire général de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). Avec un rendement moyen évalué à 43 t/ha, ce résultat s’explique surtout par une forte hausse de l’emblavement (+10 % environ). »
Réduction des volumes en contrat
« Plusieurs raisons expliquent ce surplus de production. D’abord, la pomme de terre faisait figure d’exception en termes de rentabilité comparée aux autres productions. Les annonces de projets industriels en France ont aussi eu un impact. L’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) avait pourtant alerté que tant que les usines ne fonctionnaient pas, il ne fallait pas davantage d’hectares. Il y a en outre eu une forte stimulation de la production par certains industriels. »
« Mais finalement certains d’entre eux ont réduit leur volume en contrat parce qu’ils ont senti frémir une baisse de la demande, poursuit-il. C’est notamment le cas de l’exportation des produits finis, jusqu’alors moteur de la croissance. Cela s’explique par la hausse de la parité entre l’euro et le dollar, l’arrivée de nouveaux venus sur le marché (Chine), les droits de douane (Trump), mais aussi par la baisse de fréquentation des restaurants. »
Qualités irréprochables demandées
« Alors que la récolte est avancée à 90-95 %, les producteurs sont donc très vigilants au sujet des derniers arrachages, souligne Alain Dequeker. Dans le contexte de l’année, les tubercules doivent présenter des qualités irréprochables pour être acceptés par les industriels. Les prix de contrat se situent, base récolte, autour de 180 €/t. Mais si elles ne correspondent pas au cahier des charges, elles ne valent plus rien. Avec un taux de contractualisation autour de 80 %, le marché libre était jusqu’alors acheté par les industriels, mais ce ne sera pas le cas cette année. »
« On ne peut pas exclure que les volumes excédentaires en variété industrielle se retrouvent à l'exportation sur le marché du frais. Ce dernier, en France et à l’exportation, est environ à 20-25 % sous contrat. Les prix ne sont pas au niveau de l’industrie, mais ils sont quand même extrêmement dégradés. On entend assez souvent parler de pommes de terre entre 130 et 150 €/t en big-bag. Mais on peut penser aujourd’hui qu’avec ces prix bas, les ventes seront meilleures et que la demande va s’accroître. »
Pommes de terre non récoltées
« Dans ce contexte, des producteurs seront tentés de laisser des pommes de terre au champ. Certains les orientent vers des débouchés alternatifs (alimentation animale ou méthaniseur). D’autres décident de les stocker. 2025 laissera des traces dans les finances de nombreux agriculteurs, notamment pour ceux qui n’auront pas réussi à produire la qualité demandée. Et dans tous les cas pour la campagne prochaine, il faudra être extrêmement prudent avec plutôt un besoin d’hectares en moins pour continuer à avoir une production compétitive et qui dégage du revenu pour les agriculteurs. »
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